La parole aux mineurs #2 – Sesterce

Cet article est sponsorisé par Sesterce, une entreprise française spécialisée dans le minage de cryptomonnaies. En s’engageant ainsi à nos côtés, Sesterce permet de financer la production de futurs contenus, formations, meet-ups, conférences, etc. Merci à eux pour leur confiance !

A l’occasion de ce second article (retrouvez le premier ici), au travers duquel nous donnons la parole aux mineurs professionnels français pour qu’ils partagent leur point de vue, nous partons à la rencontre de Youssef El Manssouri, CEO de Sesterce. Un grand merci à lui pour ses réponses !

Vous êtes un acteur professionnel du monde du minage en France. Quelle est la position des différents institutionnels auxquels vous avez eu affaire dans le cadre de vos activités (Chambre du Commerce et de l’Industrie, etc.) ?

Youssef El Manssouri: Même si nous sommes un acteur français nous avons un ADN et une culture extrêmement internationaux, ce qui nous éloigne un petit peu des sujets franco-français pour le moment. Mais de nos interactions avec différents acteurs, la position nous semble plus qu’ouverte et les institutionnels semblent réellement vouloir faire avancer les choses. Pour avoir une vraie démocratisation du minage en France il faudrait un accès plus libre aux pertes énergétiques liées aux différentes infrastructures du pays et avoir un vrai travail avec des acteurs comme EDF. Nous avons eu quelques communications avec eux par le passé sur des POCs et des expérimentations, mais celles-ci n’ont pour le moment pas été très concluantes. Mais je pense que cela pourrait être corrigé sur les années à venir avec la position dominante de la France sur le marché de l’énergie.

Globalement, est-il rentable de miner en France ? Ou bien est-il indispensable de délocaliser la production ?

YEM: Aujourd’hui, il nous semble utopiste de penser être rentable dans le minage en France. Comme expliqué dans notre étude des tendance sur le minage en 2020, nous pensons qu’il est plus que nécessaire d’avoir un coût électrique sous les 0,035€/kW (hors CAPEX [c’est à dire hors achat des machines, hangars, etc, ndlr]) pour être compétitif à long terme sur le minage. Des écosystèmes de minage (US, Asie Centrale, Chine, Russie..) semblent se dégager à travers le monde mais malheureusement, comme dans beaucoup d’industries actuellement, l’Europe est un peu en retrait sur ces sujets.

On entend souvent dire que le minage est nocif pour l’environnement, mais il y a aussi de plus en plus d’études qui pointent du doigt l’impact bénéfique de cette industrie sur le développement des énergies renouvelables. Depuis votre point de vue interne, quel est votre avis sur ce sujet ?

YEM: Nous pensons que cette narrative est plus qu’obsolète en 2019. Nombre d’études ont prouvé que le minage de Bitcoin était pour la majorité fourni en énergie propre et renouvelable. Cela permet même à plus d’acteurs dans les énergies renouvelables de se développer et trouver des alternatives intéressantes au développement de ces énergies souvent très consommatrices en CAPEX et aux retours sur investissement assez long. Coupler du minage à des développements de parcs à énergie renouvelable nous semble être une verticale intéressante à développer pour les institutionnels, les compagnies en énergies et des acteurs comme nous.

Certains anticipent à chaque halving une spirale de la mort pour Bitcoin, où les mineurs débranchent leurs machines en masse car ils ne sont plus rentables. Il est vrai que le prochain halving est particulier car c’est le premier où le taux d’inflation de Bitcoin passera en dessous de celui des banques centrales. Qu’en pensez-vous ?

YEM: De même que celle sur l’énergie renouvelable, cette narrative a été fortement déconstruite. Plusieurs angles d’attaque sont possibles, mais aujourd’hui nous pouvons le prendre sous l’angle des intérêts économiques, qui me semblent à l’heure actuelle trop élevés pour laisser un tel scénario se produire.

On imagine des problématiques de sécurité assez lourdes liées à l’industrie du minage du Bitcoin. Comment cela s’incarne-t-il au quotidien ?

YEM: Aujourd’hui des protocoles de sécurité poussés, à la fois en physique autour des fermes de minage, en hardware et en software, sont mises en place dans nos infrastructures. Ceci est une vraie problématique au quotidien que nous traitons avec beaucoup d’implication, et comme souvent en terme de sécurité c’est une question de prévention et d’anticipation.

Pensez-vous que nous verrons bientôt des Etats miner du Bitcoin ? Et l’assumer ? Notamment en France ?

YEM: C’est déjà le cas en Asie Centrale (CIS) où nous commençons à avoir une vraie course aux Etats miniers pour attirer les investissements massifs. Nous ne sommes pas encore au niveau des Etats actuellement, mais nous pouvons voir de profonds phénomènes de centralisation et d’industrialisation du minage à Sichuan, en Chine, par exemple, mais également au Québec ou au Texas.

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